Notre exploration du thème de la tendresse se poursuit pour une deuxième année… Après avoir fréquenté les sentiers de la fragilité, du regard, de l’intimité, de la violence, du retrait et du don de soi, nous commençons notre saison avec « la beauté » comme porte d’accès.
L’architecte Pierre Thibault, qui est Ami de la Maison depuis longtemps et qui a coécrit le livre Et si la beauté rendait heureux?, et Christine Michaud, auteure, conférencière et animatrice et aussi Amie de la Maison, nous sont apparus comme compagnons de route pour cette exploration. Christine ayant la phrase suivante de sa Mamie Yvette dans la signature de son courriel, il devenait évident qu’elle nous aiderait grandement à explorer la beauté :
« Vois le beau, apprécie le bon et fais le bien. »
Je me permettrais à ce moment-ci de faire un bref historique de la venue de Christine à la Maison pour la première tournée de nos groupes. Vous y trouverez une belle synchronicité…
Lorsque nous sommes entrés en contact avec elle pour l’inviter à faire la tournée de nos groupes de codéveloppement, personne dans l’équipe de la Maison n'était au courant que Christine faisait justement des recherches sur ce thème. Elle nous a partagé que le premier chapitre de son livre Le Petit Prince est
toujours vivant était entièrement consacré à l’exploration de la beauté. Au moment de l’écriture du livre, elle et son coauteur Thomas De Koninck se sont demandé quel serait le thème que le Petit Prince explorerait s’il était de retour sur notre planète...
Vous devinez? C’est bien sûr « la beauté ».
Avant même d’avoir commencé notre exploration, le thème gagnait en résonance...
Aussi, nous avons appris que M. De Koninck, maintenant âgé de 86 ans, est en fait la source d’inspiration d’Antoine de Saint-Exupéry. C’est lui le fameux petit bonhomme aux cheveux blonds bouclés qui a inspiré le personnage du livre lorsque ce dernier l'a rencontré en 1942.
Wow! osons le dire, le Petit Prince est québécois de souche… (clin d'œil amical bien entendu!)
Pour mettre en contexte, lorsque nous avons lancé le thème, nous avons découvert que d’entrer en relation avec ce dernier paraissait léger, superficiel, voire inutile pour certains leaders.
Pour d’autres, il était ébranlant… déroutant. Vous découvrirez pourquoi un peu plus loin.
Afin d'élargir notre conception actuelle de la beauté, Christine nous a donné quelques balises pour nous guider dans nos réflexions sur ce grand jardin.
Sans emprisonner la beauté ni la réduire en catégories, cette dernière nous a partagé les quatre mouvements de la beauté en philosophie, soit :
Dans un des groupes, notre Ami Hubert Makwanda a poussé la réflexion de ses quatre mouvements en imaginant que les dimensions de la beauté sensible et morale pourrat se situer sur un axe plutôt horizontal. Disons, le côté relatif de la beauté. Pour ce qui est de la beauté intelligible et spirituelle, nous pourrions la placer sur un axe vertical. On pourrait parler d’un axe transcendant… ou universel. Un angle de vue fort intéressant.
Un de nos amis de longue date, Patrick Beaudoin, nous a partagé ce qui suit :
« La beauté nous inspire et le sublime nous bouleverse. »
Avez-vous souvenir d’avoir récemment été ébranlé par le sublime?
Ce quatrième mouvement de la beauté nous a justement guidé vers une activité; soit amener un bout de sublime durant nos rencontres et de le partager avec les autres leaders.
La récolte fut riche et nourrissante : chanson touchante, souvenir de voyage, coucher de soleil, œuvre d’art, photo de famille…
On a rapidement découvert que le lien entre le sublime et l'intime est présent. Partager son sublime donne accès à une forme de vulnérabilité joyeuse et tendre... On y voit aussi un lien avec la première porte d’accès à la tendresse que nous avons explorée : celle de la fragilité.
À notre grande surprise, dans cette exploration de la beauté, Christine nous a partagé que, selon les recherches en psychologie positive, six critères sont nécessaires pour reconnaître l’expérience du sublime. Les voici :
Cela fait écho pour vous? Avez-vous du sublime dans votre quotidien? Ou plutôt, percevez-vous le sublime dans votre vie, dans votre famille, dans vos équipes?
Jean Proulx, notre bon Ami philosophe, fait écho au sublime en disant ceci : « Faites de votre vie une œuvre belle. » Il nous invite aussi à écouter cette sublime musique qui passe à travers soi…
Aller simplement à la rencontre de son sublime, le contempler… N’est-ce pas là un chemin de visite vers sa beauté intérieure?
Dans le même ordre d’idées, Christine nous a raconté une expérience réalisée par Joshua Bell (violoniste de renommée mondiale) avec le journaliste Gene Weingarten du Washington Post. Placé au cœur de la station de métro l’Enfant Plaza à Washington en pleine heure de pointe, Joshua a joué ses plus belles partitions sur un Stradivarius…
Il récolta (seulement) 32 $ et quelques regards...
Le journaliste est arrivé à la conclusion (ou plutôt question) suivante :
« Dans un endroit ordinaire, à une heure inappropriée, sommes-nous capables de percevoir la beauté, de nous arrêter pour l’apprécier, de reconnaître le talent dans un contexte inattendu? »
Ouf! prenons une pause pour vraiment nous imprégner de ce constat et faire le lien avec nos équipes, notre entourage.
Pierre Thibault amène un paramètre important dans l’aspect de la beauté.
Il nous invite à transformer nos milieux de vie pour que la beauté y soit présente. Il nous partage que pour percevoir le beau ou, du moins, en faire l’expérience, il est est prioritaire de créer de l’espace dans nos vies ou dans notre quotidien.
Pour y arriver, le détachement, le dépouillement et la contemplation sont des éléments à rapprocher de soi et à cultiver.
Est-ce que votre lieu de travail est source de beauté? Vous inspire-t-il? Vous élève-t-il?
Entrer en relation avec la beauté (intérieure comme extérieure) amène aussi la fréquentation du moins beau en nous. Pour ne pas dire du « laid ». Cet angle porte moins de magie et de merveilleux.
Parler de laideur, disons que ça ne nous tire pas vers le haut. Fréquenter cette énergie plus basse, nous fait fuir le sujet ou, du moins, nous fait l’éviter.
Même si plusieurs philosophies indiquent que la beauté véritable contient autant le beau que le laid, nous avons trouvé qu’il était important de ne pas atrophier la réflexion ni même de se culpabiliser de trouver une expérience, un geste, un moment laids...
La nuance relevée lors de nos dialogues nous a amenés dans la dimension « temporelle » de l’expérience du laid. C'est-à-dire que l’expérience vécue, les mots ou les gestes qui paraissent laids au premier regard (comme un texte écrit sur ce sujet 😁) ont le pouvoir de se transformer dans le temps. Une parcelle de beauté peut émerger un peu plus loin, un peu plus tard, lorsque notre regard, disons intérieur, le permet. Comme la souffrance peut se transformer et devenir utile pour nous faire grandir.
Pierre nous a partagé qu’en regardant une mer de béton (un stationnement!), il nous paraît peut-être impossible de voir le beau. Il ajoute : « Mais si vous cherchez la beauté, vous y trouverez peut-être une petite fleur poussant dans une fissure. »
Nous pourrions aussi citer Oscar Wilde, qui reprend cette phrase de la Grèce Antique :
« La beauté est dans l'oeil de celui qui regarde. »
Définitivement, ce thème de la beauté n’a pas fini de nous habiter, de nous faire réfléchir! Comme la beauté culturelle, la diversité, etc.
Nous pourrions écrire un livre entier sur cette porte d’accès qui nous a élevés et remplis…
Gâtons-nous avec une dernière cueillette, soit la découverte que l’amour et la beauté sont convertibles.
En d'autres mots, j’aime ce que je trouve beau et je trouve beau ce que j’aime.
Eh oui! L’amour a encore sa place dans notre exploration.
Pour terminer, j’aurais vraiment l’audace de répondre à la question (au titre) du bouquin de Pierre en disant que la beauté, au final, ça rend vraiment heureux! Les journées passées avec nos groupes nous l’ont fait réaliser encore plus!
Pour celles et ceux qui se demandent si la beauté est utile, laissons le Petit Prince nous offrir le mot de la fin.
« C’est véritablement utile... puisque c’est joli. »